Journal de confinement

 Samedi 7 novembre 2020 - Campagne française. 8h30

 

Loin du tumulte urbain, de mon appartement et de mes amis, je me suis installé à la campagne dans cette maison qui a connu mes arrières grands parents, mes grands parents et mes parents. Il y a bien longtemps qu'elle ne vit plus comme avant. Les nombreuses pièces sont vides, il n'y a que moi, les murs de pierre et la nature. Tout le confort moderne, la rusticité du lieu n'existe que dans le souvenir des quelques photos qui jalonnent encore les couloirs et les commodes poussiéreuses. 

J'installe mes quartiers dans la grande chambre carrée du premier étage. Sur le parquet ancien qui grince comme dans un vieux manoir hanté, trône un lit géant, armé de bois et de métal et couvert de deux énormes traversins aussi vieux que la maison. Deux grandes fenêtres offrent une vue sur le jardin et ses grands chênes centenaires. Derrière les murs construits par mon grand père les champs de maïs, de blé et de tournesols s'étendent à perte de vue, protégeant la maison d'éventuels voisins trop envahissants. 

à droite des fenêtres, un bureau simple en merisier clair. Trois tiroirs de chaque coté, un avec une clé. Je me souviens que petit, j'adorais tourner la clé pour fouiller dans les papiers et les stylos qui s'y trouvaient. Le fauteuil bleu en skai fatigué par les années apporte un peu de confort à cette chambre qui ressemble plus à une cellule de monastère qu'à une chambre à coucher. 

La vie monastique a sans doute des charmes secrets, et même si ce confinement transforme peu à peu ce journal érotique en dialogue solitaire d'un abstinent, vais-je devenir l'abstinent du confinement ? Très peu pour moi. La solitude n'empêche pas les fantasmes, le temps favorise les envies, décuple les pulsions et la compagnie des désirs s'annonce délicieuse.

Je pose ma valise dans la chambre, mes livres sur le lit, mes feutres et mes feuilles sur le bureau. J'enfile vite un vieux jean trop grand pour moi, un gros pull en laine rouge tricoté par ma grand mère pour son mari, je descends les escaliers qui mènent au jardin. Je m'assois sur le petit banc de bois posé sur la terrasse. Une tasse de café brulante me sert de chauffe mains, le regard concentré sur mes rêves, me voilà prêt pour l'attente.

La vieille chaine hifi, bonheur des années 90, permet d'écouter vinyles, cassettes audio et CD. Une collection de classiques de toutes les époques m'attendent sur la grande étagère du salon. Les pochettes des disques, les jaquettes des boites, impatientes qu'on les explore à nouveau, semblent rivaliser d'ingéniosité pour être écoutées, jouant avec mes souvenirs d'adolescents les plus lointains. J'aperçois un CD de Ray Charles, un best of. Ce sera lui qui réveillera la maison ce matin. Comment être seul avec cette musique qui envahit la pièce dès les premières notes. 

https://www.youtube.com/watch?v=1IM3weosOTY

Vous l'avez compris, c'est encore un week-end sans elle, encore un samedi matin sans sentir ses jambes contre les miennes au réveil, encore une douche brulante sans qu'elle décide de me rejoindre pour me sucer sans même me donner le choix. Si elle le veut elle l'a. Impossible de me forcer avec elle, impossible de tricher. Elle sait faire naître l'envie comme personne, elle sait allumer la mèche.

elle est l'étincelle à l'origine de tout. 

Si je dois être seul pendant ce mois de novembre, je serai seul avec elle. Seul avec ses longs messages qu'elle m'envoie le soir pour que mes rêves s'enflamment, seul avec ses photos du matin qui animent mon corps mieux que toutes les nourritures terrestres, seul avec son parfum qu'elle a caché au coin de mes chemises pour enivrer mes journées. 

Laisser mes pensées construire mes désirs, façonner mes fantasmes les plus intimes pour les raconter sur ces pages. Pour moi, pour toi, pour vous qui me lisez peut-être pendant cette drôle de période, je vais tout partager. Vous saurez tout d'elle, d'elles, de moi, et de ma vie érotique.

Je sais que tu me lis, je sais que tu m'entends presque, je sais que tu te caresses en relisant nos aventures, je bande rien que de penser à ton corps que tu réchauffes par tes orgasmes successifs. Ton plaisir se pose sur mes yeux grands ouverts, quelle vue magnifique. Je vais l'aimer ce confinement, autant qu'on aime se faire l'amour, autant que j'aime te baiser, autant que j'aime t'aimer. 

Chaque jour je chercherai l'orgasme. les orgasmes. Il parait qu'on peut jouir sans se caresser, j'espère atteindre ce niveau de connaissance de mon corps. Ce soir ce sera à l'ancienne, avec une photo d'elle. La première qu'elle m'a envoyé, allongée sur son lit, nue. Le visage encore caché par la timidité mais l'envie était la. Une image en noir et blanc qui invite au sexe, à la douceur d'un mouvement de rein, d'une lente pénétration dans la chaleur d'un lit, les yeux dans les yeux comme une première fois. J'ai joui avec cette photo, j'ai joui dans mes mains, en continuant de me caresser avec le sperme qui coulait entre mes doigts et sur ma queue. 

 











 




 








Commentaires

  1. il est joli ce récit et j'ai mis la musique en fond ( elle est magnifique ) et on imagine le lieu, cette maison et son absence.
    Je ne sais pas si un homme peut jouir sans ses mains . c'est une bonne question. Si vous y arrivez , vous me direz . Peut être faut il contracter votre périné et le relacher ( à répéter plusieurs fois et en se concentrant sur cette partie) . Les hommes connaissent trop peu leur périné ^^ Petit conseil du dimanche matin ( rire) . Bonne journée à vous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup :-) je vais tenter tout ça, j'ai du temps devant moi !

      Bonne journée à vous également

      Supprimer

Enregistrer un commentaire